La fermeture, à la rentrée 2021 de toutes les sections de préparation au concours d’entrée dans les Écoles Nationales Supérieures Maritimes (ENSM) est pour certaines familles, une page qui se tourne avec nostalgie.Dans la famille Rafflegeau, à Paimpol, trois générations ont suivi la prépa “mar mar” qui ferme à la rentrée 2021. Nostalgie.

Comme chez les Rafflegeau, à Paimpol (Côtes-d’Armor), dont trois générations ont suivi cette formation au lycée de Kersa, à Ploubazlanec.« Il n’y aura pas de quatrième génération à réussir son concours grâce à Kersa. Fin de l’histoire ». C’est par ces quelques mots que Philippe Rafflegeau, 59 ans, a salué la fermeture de la « Prépa » à Kersa.Son père (CLC) en 1954, lui-même (C1NM) en 1980, son fils (C1NM) en 2008 ont suivi cette formation avec succès.

Souvenir des frères

L’histoire des Rafflegeau et de Kersa commence donc en 1954 avec le père. Yvon Rafflegeau est né en 1935 du côté de Vannes. Ses parents tiennent une épicerie fine à Malestroit et, à 18 ans, il débarque à Kersa pour se préparer au concours d’entrée à l’Hydro. « De son passage à Kersa, se souvient Marylou qu’il a épousée en août 1960, il gardait d’excellents souvenirs. Notamment des Frères qui enseignaient à l’époque. »  Après l’Hydro et son service militaire près de Mostaganem (Algérie), Yvon Rafflegeau suit les cours pour devenir Capitaine au Long Cours au Havre.

Entre-temps est né Philippe, en mai 1961. La carrière d’Yvon, tout juste nommé Capitaine, s’interrompt brutalement en 1978 à la suite d’un grave accident vasculaire. Très diminué physiquement, il trouve la force de devenir enseignant en 1984 pendant deux années… À Kersa bien évidemment. Yvon Rafflegeau est décédé en janvier 1999.

Kersa ou rien

Philippe lui a bien failli ne pas aller à Kersa. « Son père voulait l’inscrire chez les Jésuites à Saint-François-Xavier de Vannes. Nous avons visité cet établissement alors qu’Yvon était en mer. À la sortie, Philippe m’a dit qu’il voulait faire Kersa et rien d’autre. Nous sommes rentrés à Paimpol et je l’ai inscrit dans la foulée avant d’en informer Yvon » se souvient Marylou. Le fils Rafflegeau entre donc en seconde C à Kersa : « Dès le premier jour, raconte-t-il, nous nous sommes retrouvés dans l’amphi avec 6 copains paimpolais pour la rentrée. Le frère Floch m’a appelé : « Vous êtes de la famille d’Yvon Rafflegeau ? » ? « C’est mon père » ? « Si vous êtes comme lui, venez au premier rang, il va falloir vous surveiller… » » Il n’empêche que les années Kersa vont être pour lui des années heureuses.

La confiance

« J’ai tout de suite été bluffé par la confiance qu’on accordait aux élèves. Par exemple, en seconde, on est parti à Guernesey à la voile avec des copains avec le canot du Lycée. Il y avait une demi-journée de voile chaque semaine, toute l’année. En plus, le mercredi, nous avions les bateaux de l’école à notre libre disposition. Et on passait chaque dimanche matin sur le port pour trouver des embarquements de plaisance à la journée. »

Professeurs marquants

Quelques professeurs ont marqué le jeune Philippe : Claude Duluc, Pierre Quéguénniat, M.Carlo… « Il y avait aussi un frère, professeur d’anglais qui était collectionneur de whisky. Quand on avait eu une bonne note, il nous invitait à voir sa collection de bouteilles et à en goûter un… » Ce qui est aussi un apprentissage formateur…

Nommé Capitaine au Long Cours à l’âge record de 27 ans, Philippe Rafflegeau est toujours resté fidèle à Kersa. « J’y suis allé plusieurs fois pour présenter mon métier de pilote de port et chef de service logique à la demande du directeur. Notamment quand mon fils y était… » Car, en 2008, Alban Rafflegeau, petit-fils d’Yvon et fils de Philippe, est aussi passé par la prépa de Kersa après des études au Likès à Quimper.

Aujourd’hui âgé de 32 ans, il est aussi Capitaine au Long Cours. Après 5 années pour le compte de la CGM, il est désormais embarqué sur un câblier de chez Louis-Dreyfuss. La pandémie de Covid 19 l’avait trouvé en mars 2020 en Asie où le bateau a été mis en quarantaine… L’équipage a dû rester 5 interminables mois à bord… Mais hélas, « il n’y aura pas de 4e génération… » Fin de l’histoire.